19/06/2013

Le vent se lève au Brésil !

Le vent se lève au Brésil !
Magistrale leçon de manifestation à Rio de Janeiro, la nuit du 17 juin  : prenons-en de la graine, les Brésiliens nous ouvrent la voie ! Justice sociale pour tous les citoyens de la sixième puissance économique mondiale, qu'ils vivent dans les favelas de Rio de Janeiro ou dans les immeubles cossus de Copacabana ....Et partage des richesses entre tous les citoyens du monde.

Manifestation du 17 juin : le peuple brésilien se lève dans la nuit de Rio


Coupe du monde : 33 milliards de dollars
JO : 26 milliards de dollars
Corruption : 50 milliards de dollars
Salaire minimum : 678 réais brésilien ( = 235€)
ET TU CROIS ENCORE QUE C’EST SEULEMENT POUR 20 CENTIMES*?
* d'augmentation du prix du ticket de bus

L’Autobus, Eugenia Almeida

Aline Sirba, notre chroniqueuse littéraire, nous propose aujourd'hui sa trentième et dernière chronique, du moins pour celles postées sur ce blog. Car Aline poursuivra peut-être cet exercice difficile qu'est la critique de livres et pour lequel elle nous a montré tous ses talents.
Le livre proposé par Aline résonne singulièrement dans l'actualité brûlante de la contestation qui gronde au Brésil ces jours-ci : l'action se passe en Argentine. Ce roman est signé par un jeune et talentueux écrivain, Eugenia Almeida,  qui sera présente à Toulouse la semaine prochaine pour le Marathon des mots. "Elle y raconte avec force et maîtrise la prise du pouvoir en Argentine par les militaires qui y ont instauré une dictature de 1976 à 1983. Avec une économie de moyens et une plume incisive, ce roman met en garde contre la montée des régimes tyranniques."

Prochain arrêt : l’oppression.

               L’Autobus, Eugenia Almeida (Métailié, 2007, Métailié Suites 2012)

             Les dictatures militaires du XXème siècle ont marqué la vie et la mémoire des écrivains d’Amérique du Sud qui s’attachent aujourd’hui à témoigner de ces heures sombres. Parmi les nombreuses voix s’élève celle d’Eugenia Almeida, née en 1972 en Argentine. L’Autobus est son premier roman ; il a reçu en 2005 le prix espagnol Las Dos Orillas et a été traduit dans plusieurs langues. L’intrigue qui va droit au cœur de sa cible est la suivante : en 1977, dans un petit village perdu de la province de Cordoba, en Argentine, l’autobus habituel qui relie les bourgades à la grande ville passe sans marquer l’arrêt…
Vous pouvez lire la suite de cette chronique sur la page "La plume au vent" de ce blog. 

13/06/2013

Cette nuit-là, Gila Lustiger

Aline Sirba, notre chroniqueuse littéraire, nous propose aujourd'hui un roman subtil et intimiste, nourri des échanges entre deux sœurs au lendemain de la mort de leur oncle et dont la toile de fond est la seconde guerre mondiale en Allemagne. Pour Aline, l' angle de vue choisi par Gila Lustiger pour évoquer cette guerre est nouveau et il s'agit là "d'une très bonne surprise venue de ce pays, toujours divisé, mais qui rejoint les contradictions de nos sociétés modernes occidentales".
 
Confidences pour confidences.

                              Cette nuit-là, Gila Lustiger (Stock, 2013)

          La génération d’écrivains allemands nés après la guerre, dont Gila Lustiger fait partie, commence à s’affranchir de son lourd passé historique et de la culpabilité collective. Les questionnements n’en sont pas pour autant oubliés mais coexistent désormais avec des thèmes contemporains et plus individualistes. Gila Lustiger est née en Allemagne en 1963, elle est déjà l’auteur de plusieurs romans ; le dernier, Cette nuit-là, nous fait entrer dans l’intimité d’une famille à un moment particulièrement douloureux.
Vous pouvez lire la suite de cette chronique sur la page "La plume au vent" de ce blog.

 

05/06/2013

Extrait de la conversation entre Lydie Soria, psychosociologue du travail
et Dominique Liot, un des Robins des bois de l'énergie :

 
Une remise de courant , sous l'oeil des caméras. Dessin Serge Campistron










Lydie Soria : Et concrètement, comment s'est passée la remise du courant à cette famille de Rmistes ?
Dominique Liot : Concrètement, le groupe des Robins des bois a préparé l’installation pour la remettre en état puis a remis les fusibles devant les médias, mais le visage caché sous le casque. Enfin j’ai remis publiquement l’attestation du syndicat au couple. C’était signifier que notre grève revendiquait la défense du service public ; c’était un moyen
aussi d’expliquer que la grève, ce n’était pas pour nos salaires, mais pour dire qu’il y a des choses qui sont inacceptables. Les gens qui, aujourd’hui, sont dans la galère, c’est le rôle du service public de les secourir.

Mais ce n’est plus vraiment la conception du service public aujourd’hui !
Et pourtant, c’est ce qui a été décidé par la loi de nationalisation en 1946[1] : le but d’EDF-GDF était de distribuer l’énergie au moindre coût à toute la population et aux entreprises pour reconstruire le pays ; et il était naturellement induit que, pour les gens qui étaient le plus dans la galère, il fallait trouver un moyen pour pérenniser l’accès à l’électricité et au gaz, chauffage, eau chaude et lumière étant considérés comme des besoins essentiels.

Et tous ces principes acquis au moment de la Libération sont remis en cause…
Oui, ça fait des lustres et des lustres que c’est remis en cause, c’est la financiarisation dans toute sa splendeur. C'est-à-dire qu’on nous explique que le seul moyen de récupérer de l’argent pour EDF, eh bien c’est de couper, parce que si on ne coupe pas, les gens ne vont pas payer ! Donc il faut qu’il y ait de l’argent qui rentre, c’est la logique de financiarisation en long, en large et en travers. EDF fait de grands discours sur la « bonne gestion » des comptes. Mais de manière concrète, la réalité est très dure, car  ce principe est appliqué aux familles qui sont les plus démunies. Et nous, et moi notamment, on dit à ces familles : « Commencez par donner à manger à vos enfants et vous nourrir vous-mêmes, avant de payer vos factures, que ce soit de gaz, d’électricité ou d’eau. » Et ça on le dit publiquement, en tant que Robins des bois, sans le moindre problème. Et cela m’indigne qu’au XXIe siècle des gens qui n’ont pas un radis doivent choisir entre manger et se chauffer ou se laver à l’eau chaude

[1]  Le 8 avril 1946, la loi de nationalisation des 1 450 entreprises françaises de production, transport et distribution d’électricité et de gaz, donne naissance à EDF-GDF, établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC). Sur le même modèle, le secteur du gaz est nationalisé avec la création de Gaz de France (GDF).



Long week-end, Joyce Maynard

Aline Sirba, notre chroniqueuse littéraire, nous attire aujourd'hui dans une  histoire de prise d'otages, au travers de laquelle un adolescent et sa mère se laissent prendre dans une étrange relation avec  avec celui qui, en les retenant, bouleverse leurs vies.

Un goût de tarte aux pêches.

 Long week-end, Joyce Maynard (Philippe Rey, 2010, 10/18, 2011)

          Joyce Maynard connut une passion exclusive avec  J.D. Salinger, l’auteur de L’Attrape-cœur, lorsqu’en 1973, ce dernier lui écrivit une lettre élogieuse concernant un article qu’elle venait de publier. Il avait alors 53 ans, elle en avait 17. Elle racontera cet épisode dans son autobiographie intitulée Et devant moi, le monde. Au-delà de cette relation qui aura un impact sur son œuvre à venir, Joyce Maynard est avant tout un écrivain confirmé, et c’est peut-être avec Long week-end qu’elle atteint ce statut. Un narrateur presque adolescent y raconte la prise d’otages par un prisonnier évadé dont sa mère et lui font l’objet pendant cinq jours, à la veille de la rentrée des classes, au milieu des années 1980.
Aline Sirba
La suite de cette chronique est à lire sur la page "La plume au vent " de ce blog.

02/06/2013

Le livre de Dominique Liot, un des Robins des bois de l'énergie, est en librairie



Ce livre illustre le combat de ceux qui ont choisi pour nom "les Robins des bois de l’énergie" : ils rétablissent le courant ou le gaz aux familles en grande difficulté à qui EDF ou GDF l'a coupé, en raison de factures impayées. C'est la défense du service public et un sens aigu de la solidarité qui guident ces actions clandestines.

Préface de Dominique Girardot,

Auteur de La société du mérite, idéologie méritocratique et violence néolibérale
 Éditions Le fil de l’eau, 2011.

La vie de Dominique Liot est d’une singulière cohérence. Étudiant de l’INSA, à quelques mois de son diplôme, il se détourne de son avenir d’ingénieur pour « aller vivre la vie de ceux qui ont le plus d’intérêts à ce que le monde change vraiment » : pas question d’être du côté des chefs. Monteur à EDF, il sera un Robin des bois de l’énergie sanctionné pour avoir publiquement revendiqué la remise en service de l’électricité à un couple de RMistes et leur petite fille : pas question d’être au service de ceux qui oppriment la misère – l’accès à l’énergie est un service public. Du jeune homme à l’homme approchant de la retraite, un seul trait : l’exigence de vivre – et donc travailler – humainement. Pas de plan de carrière, mais une vie qui ne renonce jamais au sens de ce qui est fait.

Cette vie ne manque donc pas de panache. Pourtant Dominique Liot ne verse jamais dans le contentement de soi. C’est que jamais il n’oublie ce que l’action, aussi exemplaire soit-elle, doit aux autres. Loin des emportements narcissiques de l’individu contemporain, il sait que s’il porte un monde, ce n’est pas sur la pointe aiguisée de sa conscience, mais avec d’autres, toujours. Pas de moralisme : il ne nous fait pas la leçon ; son orientation est, de façon essentielle, politique. Agir, c’est agir parmi les autres et avec eux. C’est pourquoi « militer n’est pas une croix à porter » ; c’est trouver le chemin de l’action ensemble, et rencontrer le « réel plaisir à se retrouver avec d’autres pour essayer de faire avancer les choses (…), œuvrer ensemble pour le bien de tous ».

Son action de Robin des bois de l’énergie, Dominique Liot l’inscrit dans la transmission : il s’agit de faire vivre les valeurs reçues du programme du Conseil national de la Résistance, d’affirmer le sens du service public tel qu’il est pensé et mis en place au lendemain du traumatisme de la Seconde Guerre mondiale – contre toutes les dérives d’une société qui exclut –, construire un monde humain, faire une place digne à chacun. Par leurs actes de désobéissance civile, les Robins des bois de l’énergie incarnent de façon exemplaire le sens de la lutte syndicale, porteuse d’exigences de transformation sociale. Ils mettent en actes le refus qu’une ressource fondamentale serve au profit de quelques-uns ; ils portent par leur action, face aux défaillances d’un État qui ne comprend plus quel espoir l’a fondé, le droit à l’électricité pour tous.

            À la Libération, les hommes réunis autour de Marcel Paul imposèrent, contre le projet - plus conciliant aux intérêts industriels - de Louvel et Ramadier, la nationalisation de l’électricité et du gaz, liant par le fait, avec force, démocratie et service public. Dominique Liot fait partie des militants qui reprennent le flambeau de cette grande avancée sociale, aujourd’hui gravement mise à mal.

         C’est pour moi un bonheur, et un honneur, de préfacer le récit que l’on va lire – et ce d’autant plus que mon grand-père, Pierre Girardot, fut le rapporteur du groupe communiste devant l’Assemblée nationale constituante qui s’ouvrit le 22 mars 1946 pour discuter cette question de la nationalisation. La vie nous tisse parfois de ces belles surprises…